Le Parco Nazionale della Val Grande est région alpine s’étendant à la frontière de l’Italie et de la Suisse. Protégé par le statut de parc national depuis 1992, le Val Grande, fréquemment qualifié de « plus vaste zone sauvage d’Italie », abrite de petits bourgs et villages de montagne traditionnels dont l’histoire remonte au XIIIe siècle. Depuis 2016, une dizaine de municipalités alpines implantées dans la région participent au projet cartographique Terres communes. Il a pour objectif d’inciter les habitants à œuvrer en commun pour étudier et préserver l’histoire et la culture de la région, stimuler le tourisme et encourager le développement durable, en s’appuyant sur les personnes à titre individuel et les collectivités locales.

Se fondant sur une approche de terrain, le projet a d’abord rassemblé 135 habitants, puis rapidement plus de 250 personnes de tous âges. De par sa conception, il porte à la fois sur les aspects tangibles de la région, comme l’environnement géographique et le bâti, et sur les aspects intangibles des traditions culturelles. Il a abouti concrètement à un large éventail de résultats, allant d’une série de 10 cartes dessinées par un jeune illustrateur aux archives numériques de nombreux entretiens, en passant par des photos et captations vidéo recueillant la mémoire de la région et documentant le passé, ou un ensemble de randonnées pédestres mettant en valeur l’identité particulière de la région à travers ses sites remarquables et des récits personnels. Le site web comuniterrae.it a été créé pour utiliser les cartes sous forme de guides interactifs et présenter les archives du projet. Plus de 1 000 personnes ont pris part aux randonnées collectives. Le projet a été salué par l’édition 2018 de l’Année européenne du patrimoine culturel et le Prix du patrimoine européen / Prix Europa Nostra 2019, et présenté au titre des Récits sur le patrimoine européen.

Lauréat des Récits sur le patrimoine européen, Terres communes a bénéficié d’une subvention de développement, afin d’explorer plus en profondeur les thèmes émergents et renforcer la participation. Grâce à ces fonds, il a été possible d’embaucher un facilitateur de projet et de réaliser de nouveaux objectifs, notamment la poursuite de la cartographie et la mise en place de panneaux de signalisation s’inscrivant dans la création d’un écomusée intitulé « Terre di Mezzo ».

Les travaux préparatoires de cette nouvelle phase du projet ont débuté en janvier 2020 par une réunion de groupe au siège du parc national du Val Grande, dans la Sala degli Specchi de la villa Biraghi à Vogogna (VCO), pour faire le point sur les résultats précédents et envisager des moyens plus efficaces de progresser à l’avenir. En raison de son caractère participatif, le projet a également donné lieu à une réunion spécifique qui s’est tenue dans chacune des dix zones, ainsi qu’à sept réunions de suivi regroupant plusieurs municipalités, pour définir le contenu des affiches, dépliants, messages sur les réseaux sociaux et la promotion de bouche à oreille pour renforcer et améliorer l’engagement des participants. Au cours de l’année 2020, avec l’adoption de protocoles covid-19, les réunions prévues au calendrier ont eu lieu en ligne, ce qui a permis la poursuite du travail d’explicitation du concept d’écomusée et la prise en compte des propositions de collaboration émises par les habitants. Les organisateurs précisent qu’« au cours des réunions, les participants ont eu l’occasion de poser des questions, de faire part de leurs doutes et suggestions particulières aux gestionnaires et administrateurs des écomusées aménagés dans les régions proches de la zone couverte par le projet, et qu’ils ont reçu en réponse différentes idées et pistes de réflexion ».

QR codes on the plaques (credit, Comuniterrae via Facebook)
Crédits photographiques : Comuniterrae Facebook

La cartographie géographique de la région demeure un élément fondamental du projet dont la nouvelle phase comporte l’inclusion d’aspects plus techniques. Des relevés GPS plus précis de la région ont été effectués, puis un doctorant de l’École polytechnique de Turin a collaboré avec le facilitateur du programme pour cataloguer avec l’aide d’un logiciel spécialisé les points de données, avec le concours du Touring Club Italiano, société spécialisée dans la création de cartes touristiques. Il en est résulté des cartes dont les différents calques apportent une grande diversité de renseignements cartographiques et culturels, notamment l’emplacement des panneaux signalétiques et des icônes classées par catégorie pour désigner les sites mis en évidence, ainsi que des informations contextuelles sur la géographie et le patrimoine de la région, ou le projet communautaire en tant que tel. Pour rendre ces cartes accessibles au plus grand nombre de visiteurs, elles ont été formatées pour être utilisées sous forme numérique par divers sites internet, notamment ceux du parc national du Val Grande et du club alpin italien, et imprimées sur papier pour un certain nombre de sites touristiques et hébergements locaux.

L’activité touristique a été très réduite durant la pandémie, mais le projet a permis d’organiser en toute sécurité quelques événements en présentiel, grâce à la limitation de la taille des groupes, les mesures de distanciation sociale et le port du masque. Les panneaux signalétiques installés in situ et présentant les sites locaux d’importance ont été conçus, selon les organisateurs, pour épauler les « visites autoguidées, les randonnées et les promenades écologiques et culturelles dans la région ». Les QR codes figurant sur les panneaux signalétiques apportent aux visiteurs des compléments multimédias via leurs smartphones.

Autre aboutissement du projet, la publication début 2021 d’une étude scientifique a contribué à la réflexion sur la planification participative dans la mise en valeur et le développement du patrimoine culturel. Cette publication met à profit les enseignements de l’expérience « Terres communes », et s’appuie sur un reportage photographique consacré au projet, pour « proposer une vision nouvelle et plus globale de la notion de patrimoine » intégrant des aspects relatifs à l’identité, aux évolutions et au développement durable. Ces éléments sont tous réunis dans le titre de l’ouvrage sous le terme anglais « heritography », mot-valise décrivant « la coexistence et la signification, dans un concept unique et indissociable, du patrimoine et de la géographie… entendus comme constituant un système complexe regroupant la culture, les paysages, la géographie ainsi que les biens matériels et immatériels ». Une présentation plus détaillée de l’ouvrage intitulé Heritography. Per una geografia del patrimonio culturale vissuto e rappresentato est disponible sur le site internet de l’éditeur.

On trouvera des renseignements complémentaires, des cartes et d’autres informations relatives à « Terres communes » sur le site internet du projet, à l’adresse comuniterrae.it, ou sur son compte Facebook à @comuniterrae. L’appel à candidatures pour l’édition 2022 du concours des Récits sur le patrimoine européen est désormais ouvert. Les récits retenus sont susceptibles d’être publiés sur notre site internet et peuvent déposer une demande de financement. Pour en apprendre davantage sur la manière de partager vos trésors patrimoniaux avec d’autres Européens, et sur les critères d’éligibilité des projets, veuillez consulter notre page « salle de presse ».